PERIODE DE L'OCCUPATION ALLEMANDE

Dès l'invasion des troupes allemandes en juin 1940, une sorte de peur paralysait beaucoup de monde, en connaissance des exactions commises envers la population juive en Allemagne

Pendant une dizaine de jours, à la fin du mois de juin, des milliers de prisonniers de guerre français passaient sur la RN 83. les soldats fatigués, épuisés, avançaient lentement, sous une chaleur exceptionnelle. Les villageois de Lipsheim et de Fegersheim leur présentaient de la nourriture ainsi que des bacs aec de l'eau fraîche que les prisonniers assoifés buvaient à grands traits.

Dans notre village, il y a eu de suite des changements sur le plan municipal. Lipsheim et Ichtratzheim furent annexés à la commine de Fegersheim. A ce moment se formait chez nous un groupe de personnes pro-nazi, avec un chef de secteur très ambitieux qui était à l'origine de dénonciations diverses.

Ainsi, quelques jeunes gens chantant la Marseillaise, ont du subir deux mois d'internement au camp de Schirmeck. Pour un abbatage clandstin d'un porc, un agriculteur fut puni par quelques semaines de prison. Suite à ces événements, une atmosphère de crainte et de suspicion s'établissait au village.

Le 20 avril 1941, jour anniversaire de Hitler, une cérémonie avec le salut au drapeau se déroulait place de la Mairie. A part quelques fonctionnaires obligés et les écoliers qui éxécutaient des chants patriotiques, il y avait peu de monde. Le groupe germanophile précité agaçait les agriculteurs surtout en procédant à l'inventaire des animaux domestiques afin d'établir la liste des quantités de denrées à livrer obligatoirement, tel les céréales, le lait, les bovins, etc... Ils espionnaient aussi les auditeurs clandestins de la radio qui captait les nouvelles de la guerre sur des postes étrangers.

Les adolescents et les jeunes jusqu'à 16 ans étaient enrôlés dans la section de la Jeunesse Hitlerienne. A Fegersheim, il fallait assister à des réunions politiques peu intéressantes. L'absence aux réunions ainsi que le manque de pavoiser la maison avec le drapeau hitlérien furent notés et considerés comme des signes anti-nazi.

Le rationnement des denrées aluimentaires n'avait guère une incidence fâcheuse sur l'alimentation dans notre village, sinon que le café, chocolat, oranges et bananes étaient des choses introuvables. Les strasbourgeois, pour s'approvisionner en légumes, fruits et viandes se rendaient à la campagne et le troc d'habillement et de chaussures était usuel

Lipsheim a eut peu de dégats matériels provenant de la guerre. Une seule maison a été détruite près de la gare, lors du bombardement d'un train qui stationnait. On déplora plusieurs blessés graves.

En août 1942 paraissait le decret instituant l'incorporation des alsaciens dans la "Wermacht" Beaucoup de jeunes pensaient s'évader vers l'intérier de la France, maisle risque était grand. Ainsi, tous les membres d'une classe d'un village du Sundgau furent arrêtés en s'évadant vers la Suisse, condamnés à mort et leurs familles déportées en Prusse Orientale., Ce malheureux événement a dû servir comme exemple à la population alsacienne.

Cette incorporation des "Malgré-Nous" a provoqué beaucoup de peine et de souffrance dans notre pays. La plupart desrecrues ont dû rejoindre l'armée allemande dans les combats au front russe. A Lipsheim, seize incorporés de force sont décédés sur le champ de bataille, pour une cause qui n'était pas la leur.

Enfin, le 25 novembre 1944, Lipsheim fut libèré par l'armée du Général Leclerc. 

Fernand SCHAAL    

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