QUELQUES EXPLICATIONS SUR LA 2e D.B.

 

La 2e D.B., c-à-d Division Blindée, est composée de chars halftrack et automitrailleuses. Cette division se composait à l'origine càd en 1940 de tirailleurs marocains, de jeunes qui ont pu rejoindre de Gaulle en Angleterre et de nouvelles recrues au fur et à mesure de l'avancée des troupes.

En 1943 le Général Leclerc a pris le commandement de la 2e D.B. Celle-ci était sous les ordres du 15e Corps américain commandé par le Général américain Haislip.

J’avais 14 ans, le 20. J’ai reçu un ordre de réquisition pour aller creuser des tranchées dans les Vosges avec les « enfants » de ma classe.

Mon père m’a emmené à Strasbourg au bureau de recrutement chez le responsable nazi – En entrant chez le recruteur mon père lui a dit : « avec ce gamin vous voulez gagner la guerre ? » « Foutez moi le camps dit-il » avec quand même une exemption à la clef. J’étais vraiment un gamin malingre qui savait à peine tenir une pelle.

J’étais scolarisé à Strasbourg à la « Karlroos Schule », là on était obligé d’apprendre le latin et surtout l’anglais. Cette dernière langue m’a beaucoup aidé lorsque les américains sont venus à Lipsheim.

L’école « Oberschule für Jungen » avait été bombardée par les américains. Le 25 septembre 1944, elle avait brûlé, ainsi qu’une partie de l’église St Jean. Nous n’avions heureusement pas classe ce jour là.

Dans la soirée du 21 novembre, vers 23 heures, on frappe à notre porte. Une section de soldats allemands nous a demandé d’ouvrir. Nous étions terrorisés mais les soldats nous demandèrent   du café et de quoi manger. Ils repartirent comme ils étaient venus. Ils étaient une vingtaine, très démoralisés.

Le matin du 25 novembre, nous entendîmes des bruits bizarres. Mon père nous emmène au grenier et de là nous vîmes une colonne de chars, de jeeps et de half-track venant de Geispolsheim.

L’émotion de la population était à son comble en entendant des soldats américains parler français. En réalité c’était des Français de la 2ème DB du Général Leclerc.

Ma cousine Odile (10 ans) a remis un bouquet de fleurs à cette occasion, à l’équipage de la 1ère automitrailleuse. Le conducteur était le futur Abbé Marion.

Quelques jours après, la division Leclerc a du repartir et ce sont les Américains qui les ont remplacés et c’est à ce moment là que l’anglais que les Allemands m’ont fait apprendre m’a servi à faire l’interprète auprès des autorités américaines (QG dans la maison de ma marraine – maison alsacienne en face de la COOP appartenant à M. RIEGEL Jérôme).

Nous les jeunes, nous avons récupéré les armes et les munitions que les soldats Allemands ont dû jeter.

A 14 ans on savait tirer au fusil de guerre, dégoupiller des grenades et jouer avec les munitions.

Le Général de Lattre de Tassigny nous a fait visiter l’école des sous officiers qui se trouvait à Westhalten (Tir à balles réelles au-dessus des têtes…on les a imités en rentrant)

 

LES SOUVENIRS DE ALPHONSE RIEGEL

 

Les garçons tout excités allaient au devant des spahis avec leurs calots rouges et leurs grands manteaux. Mr SCHAAL Ernest, ancien adjoint au maire, est allé au devant de la compagnie et les a invité à rentrer dans le village en indiquant que les allemands étaient prêts à se rendre.

La compagnie d’allemands avec son commandant était installée dans la grange appartenant à Mr STEPHAN Marius, rue Jeanne d’Arc. Ersnest SCHAAL était allé auparavant leur demander leur rédition.

Quelques militaires français sont venus dans le village les faire prisonniers pendant que d’autres s’étaient sauvés dans la forêt d’Ichtratzheim.

Le reste de la colonne se dirigeait vers Fégersheim et remontait vers Strasbourg.

Alphonse RIEGEL souligne, comme toutes les autres personnes ayant vécu cette journée de libération, que grâce à Mr Ernest SCHAAL une tuerie a été évitée et que c’était une bénédiction que la 2ème DB ne soit pas arrivée le 23 à Lipsheim car les Allemands étaient alors prêts à livrer une bataille acharnée. Ils étaient tous sur le mur du cimetière autour de l’église, alors que le 25 ils avaient compris qu’ils devaient accepter la défaite.

 

Après le départ des spahis, Lipsheim était restée sans défense jusqu'à ce que la 2e DB revienne pour de bon avec le Général Leclerc le 27 au matin.

EXTRAIT DE LA LETTRE DE L'ABBE MARION

Son automitrailleuse est entrée en premier à Lipsheim.

Le matin du 25 novembre 1944, je conduisais la 1ere automitrailleuse de la patrouille entrée dans Lipsheim départ de Strasbourg-Entzheim que nous avions déjà traversé la veille pour libérer le carrefour de Dorlisheim.

A Geispolsheim, quelques brefs arrêts selon les précautions prévues en mission de reconnaissance.

A Lipsheim, nous n'avons pas à faire usage de nos armes. Les Allemands se rendent sans trop de difficulté. Combien ? Aucun souvenir précis.

Arrêt peu avant la sortie en direction de la gare – les habitants viennent nous accueillir, dont Monsieur le Curé qui me dit : "Je suis heureux de serrer la main au premier soldat français qui arrive dans ma paroisse. D’où êtes-vous ? "

Son étonnement quand je lui dit : "du Diocèse de Nancy – êtes-vous prêtre ? – Non, vous voyez bien que je suis trop jeune. Je suis séminariste et j'ai déjà reçu la tonsure au titre du diocèse de Nancy." Nous ferons plus ample connaissance en 1945. J'ai alors apprécié, entre autre, son kirsch aux framboises…de Birkenwald !

C'est aussi à cet arrêt qu'une fillette, Odile MEYER, nous offre un bouquet de fleurs que je place devant moi sur le blindage, près du fanion tricolore à Croix de Lorraine.

Capture de prisonniers près de la gare. Nous en faisons 6 sur l'AM. Et je poursuis dans Fegersheim pour regagner Strasbourg. Les prisonniers ne sont pas rassurés et nous disent que les ponts sont minés, qu'il y a des armes à CAJOFE, à la sortie de Fégersheim. Ainsi les soldats de l'AM ont forcé le capitaine commandant la troupe allemande pour nous montrer l'emplacement des mines. Vive protestation de la part du Hauptmann allemand.

Benoit MEYER   

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